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Emmanuel Macron & Justin Trudeau : Mariés par le CETA et pour le pire

17 avril 2018

Le voyage officiel de Justin Trudeau vient de prendre fin avec un vibrant plaidoyer en faveur du CETA prononcé par le Premier ministre canadien à l’Assemblée Nationale, le qualifiant d’ “entente qui protège l’environnement et réaffirme notre engagement à l’Accord de Paris” et de “partenariat qui est à l’image de nos valeurs et à la hauteur de nos ambitions”. Un enthousiasme qui détonne étrangement avec les déclarations d’E. Macron de septembre dernier assimilant le CETA à une “discussion commerciale avec les règles d’hier, qui nous [a] conduit à [d]es situations absurdes”.

Hier déjà, en présentant un partenariat franco-canadien pour le climat et l’environnement, Justin Trudeau et Emmanuel Macron ont tenté de se positionner en champions du climat et d’un commerce progressiste. La Fondation pour la Nature et l’Homme et l’Institut Veblen, saluent la volonté affichée par le Canada et la France de renforcer leur efforts conjoints contre le changement climatique mais regrettent la vacuité des mesures annoncées. Force est de constater que ce partenariat ne contient ni engagement chiffré, ni action concrète si ce n’est l’organisation d’un séminaire sur la tarification carbone, d’une table ronde sur la finance durable, ou encore d’un dialogue d’experts sur la biodiversité.

En louant deux jours durant les mérites du CETA sans envisager d’y apporter un seul changement, le Président de la République et le Premier ministre ont à nouveau ignoré les appels répétés des experts sur la nocivité pour le climat de l’accord de commerce entre l’UE et le Canada. Pas plus tard que vendredi dernier, plus de 120 ONG canadiennes et françaises avaient encore interpellé Justin Trudeau et Emmanuel Macron pour leur demander d’assujettir dans le CETA le droit commercial au droit environnemental et d’exiger le respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris. Pour l’heure, ni une hausse des émissions de gaz à effet de serre ni même un éventuel retrait du Canada, de l’Union Européenne ou d’un pays membre de l’Accord de Paris n’aurait un effet sur l’application du CETA. Quant au véto climatique inscrit dans le plan d’action du gouvernement français afin d’empêcher les investisseurs étrangers d’utiliser les tribunaux d’arbitrages pour attaquer des politiques publiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre, il n’en a pas été question du tout.

La FNH et l’Institut Veblen appellent le Canada et la France à ajouter dans le CETA une clause de suspension en cas de non respect des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris et à supprimer toutes les dispositions climaticides de l’accord. De telles précautions apparaissent d’autant moins superflues que le Canada avait déjà quitté le protocole de Kyoto dans le passé et serait loin d’atteindre ses modestes objectifs de baisse d’émissions de GES prévus pour 2020. En outre, l’annonce de Justin Trudeau dimanche concernant son soutien à la construction du très controversé pipeline Trans mountain va non seulement à nouveau à l’encontre de l’esprit de l’Accord de Paris mais rappelle à quel point l’économie canadienne est dopée aux énergies fossiles.

Contacts
Mathilde Dupré - Institut Veblen - 0677704955
Samuel Leré - FNH - 0687411603

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