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Un accord perdant-perdant. Analyse préliminaire de l’accord de commerce entre l’UE et le Mercosur

Par Mathilde Dupré

19 novembre 2019

Le 28 juin 2019, la Commission européenne a annoncé que l’Union européenne et le Mercosur, « marché commun du Sud » regroupant aujourd’hui le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay, étaient parvenus à un accord politique sur un accord commercial entre les deux zones. Cet Accord scelle près de 20 ans de négociations émaillées de plusieurs suspensions, initiées sur la base d’un mandat datant de 1999.

Un accord perdant-perdant

Pour entrer en vigueur, l’Accord devra encore être formellement signé puis ratifié par les pays du Mercosur et par l’UE (ce qui implique un vote favorable du Parlement européen). Si le processus aboutit, il sera le plus important conclu par l’UE de par la population concernée (780 millions de personnes) et l’un des plus importants en termes de volume d’échanges couverts (40 à 45 milliards d’euros d’importations et exportations).

Souvent présenté comme un accord « voitures contre viande bovine », il devrait favoriser les exportations européennes dans les secteurs de l’automobile, la chimie, la pharmacie, l’habillement ou l’alimentaire, notamment pour les produits protégés par des indications géographiques et offrir aux entreprises européennes un nouvel accès aux marchés publics de ces pays latino-américains. En échange, les entreprises du Mercosur bénéficieront de débouchés accrus sur le marché européen pour leur production, notamment agricole (bœuf, volaille, sucre…).

Depuis l’annonce de la finalisation des négociations, l’Institut Veblen et la FNH ont appelé la France et les autres États membres à ne pas aller plus loin dans la ratification de l’Accord. Non seulement, la conclusion d’un nouvel accord de commerce offrant un accès préférentiel au marché européen apparaît particulièrement inopportune dans le contexte actuel de détérioration des droits humains et de la situation écologique au Brésil. La situation devrait plutôt inviter les États européens à sanctionner commercialement le Brésil en ciblant les produits spécifiquement qui contribuent à la déforestation. Mais en plus, le contenu de l’accord n’est en rien compatible avec les objectifs de transition écologique et sociale que l’UE prétend promouvoir dans le cadre de sa politique commerciale.

Ce rapport conjoint est une analyse préliminaire de l’accord sur la base des premiers textes publiés par la Commission européenne pendant l’été 2019.

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