Nous commençons l’année 2018 en étant quasiment certains que le monde a basculé dans un processus de réchauffement climatique irréversible, que d’innombrables ressources sont en voie de raréfaction, sinon d’épuisement, et que la biodiversité se rétrécit dangereusement. Malgré cela, les politiques, tant nationales qu’internationales, restent hésitantes et parfois même vont à l’encontre d’une régulation écologique de type « soutenable », à l’instar de la décision états-unienne de quitter la négociation climat. La France n’est pas non plus un bon exemple au vu de la timidité de la loi de transition énergétique. Pendant que les politiques balbutient, les multinationales, les banques et tous les milieux d’affaires ne restent pas inactifs. Les plus avertis ont compris que l’entrée de l’économie dans les questions écologiques et environnementales est un enjeu décisif pour leurs investissements ou leurs placements.
C’est ainsi que l’idée grandit d’attribuer une valeur économique aux services rendus par la nature, dits écosystémiques, ou bien de rémunérer les propriétaires des biens naturels sources de ces services, ou encore de compenser financièrement les dégâts occasionnés à la nature par l’économie toujours croissante. Toutes les instances internationales, comme le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) ou l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), théorisent et promeuvent des initiatives allant dans ce sens. Après que des marchés de droits à polluer ont été installés en Europe, dans certains États américains et en Chine, qui sont devenus des lieux de spéculation sans grands effets sur les émissions de gaz à effet de serre, les banques et les institutions financières ont créé des nouveaux titres financiers censés couvrir les nouveaux risques ou compenser les conséquences désastreuses inévitables des investissements.
D’autres initiatives sont étudiées ou déjà expérimentées pour fixer un prix à l’émission de carbone et dégager des ressources pour aider à la transition. On parle alors de la possibilité de développer une « finance verte » au service d’une « croissance verte ».
Les Économistes atterrés entendent questionner cette problématique sur deux plans. Est-elle une voie d’avenir ou est-elle une nouvelle illusion sur la finance capitaliste, fauteuse de crises à répétitions, en lui abandonnant un nouveau terrain déjà gangréné par la spéculation ? Les mesures techniques envisagées sont-elles à la hauteur d’enjeux tels que la transition vers un système productif soutenable à long terme et une meilleure répartition mondiale de ressources limitées ?
Pour en débattre, les Economistes atterrés vous invitent à une conférence-débat le mardi 13 février 2018, de 19h45 à 21h45 dans l’amphithéâtre Lefebvre de la Sorbonne (galerie Jean-Baptiste Dumas, escalier R, 2e étage), 17 rue de la Sorbonne, 75005 Paris. Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles. Plan d’accès ici.
Avec :
– Ali Douai, économiste, maître de conférences à l’Université de Nice, membre des Economistes atterrés, co-auteur de L’économie écologique (La Découverte, 2017) : que sont l’économie écologique et les services écosystémiques ?
– Aurore Lalucq, codirectrice des réformes économiques à l’Institut Veblen, co-auteure de Faut-il donner un prix à la nature ? (Les Petits matins, 2015) : la « finance verte » et la « compensation ».
– Harold Levrel, professeur à AgroParisTech, chercheur au Cired, co-auteur de Valeurs de la biodiversité et des services écosystémiques (Quae, 2016) : les formes du business sur la biodiversité.
Le débat sera animé par Jean-Marie Harribey, économiste à l’Université de Bordeaux, membre des Economistes atterrés, auteur de La richesse, la valeur et l’inestimable (Les Liens qui Libèrent, 2013).
Téléchargez le PDF du programme de cette conférence ci-dessous.