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Dominique Méda : « En Europe, la peur est de retour »

La sociologue rappelle, dans sa chronique, le projet européen du congrès de La Haye, en 1948, lorsqu’il s’agissait de construire une Europe fédérale contre la guerre et les égoïsmes nationaux.

Publié le 09 mars 2024 à 05h00 Temps de Lecture 3 min. Read in English

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Le 7 mai 1948, 740 personnes se réunissaient à La Haye à l’appel du Comité international de coordination des mouvements pour l’unité européenne. Le but affiché était de construire « les Etats-Unis d’Europe ». Depuis plusieurs années, les propositions dans ce sens se multipliaient. Durant leur captivité dans les geôles de Mussolini, en 1941, les militants antifascistes et fédéralistes Altiero Spinelli et Ernesto Rossi avaient rédigé le « Manifeste de Ventotene », dans lequel ils appelaient à la création d’une Europe fédérale libre et unie à la sortie de la guerre. Comme le texte de William Beveridge écrit en 1942, qui dessinait les contours du futur « Welfare State », ce manifeste ouvrait des perspectives radicalement nouvelles pour l’après-guerre. En 1944, la Déclaration des résistances européennes réclamait à son tour la création d’une union fédérale entre les peuples.

Deux éléments sont communs à l’ensemble de ces réflexions. D’abord, l’idée qu’il faut rompre avec l’existence des Etats-nations, considérée comme la cause profonde de la guerre. Le « Manifeste de Ventotene » l’indique clairement : « La souveraineté absolue des Etats nationaux a conduit à la volonté de domination de chacun d’eux vu que chacun se sent menacé par la puissance des autres et considère comme son “espace vital” des territoires de plus en plus vastes. » Le premier objectif est donc « l’abolition de la division de l’Europe en Etats nationaux souverains ». Ensuite, la conviction que l’Europe fédérale doit être démocratique : le « Manifeste de Ventotene » prône l’établissement d’un gouvernement responsable envers les peuples des pays membres de la fédération, la création d’une armée placée sous les ordres de ce gouvernement fédéral et la mise en place d’un tribunal suprême, compétent pour trancher les questions relatives à l’interprétation de la Constitution fédérale et les différends entre Etats membres.

Le sabotage de l’union politique

Le congrès de La Haye était censé aboutir à une résolution finale au terme de la mise en discussion de trois rapports débattus dans trois commissions. Le premier rapport proposait une coordination des politiques économiques, la suppression des obstacles aux échanges commerciaux et la mobilité de la main-d’œuvre. Le deuxième visait la mise en place d’une assemblée parlementaire européenne et la construction d’une Europe unie ouverte à l’Allemagne. Le troisième proposait l’adoption d’une charte des droits fondamentaux et d’une cour suprême. Ces dernières propositions issues de la commission culture seront rapidement mises en place : le Conseil de l’Europe est créé le 5 mai 1949, la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales en novembre 1950 et la cour chargée de faire respecter ces dispositions peu après.

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