À l’occasion de la Journée internationale de la diversité biologique et alors que les ministres du commerce de l’Union Européenne se réunissent cette semaine à Bruxelles, 50 ONG de défense de l’environnement et des droits humains du monde entier ont exprimé leur vive inquiétude d’une instrumentalisation par l’UE de son nouveau règlement sur la déforestation pour ratifier l’accord commercial avec le Mercosur.
Dans une lettre ouverte au Parlement européen et au Conseil de l’UE, les ONG - comprenant des signataires provenant de 21 pays, indiquent que le nouveau règlement de l’UE contre la déforestation ne doit pas être utilisé pour légitimer l’accord entre l’UE et le Mercosur.
Un examen des relations commerciales entre l’UE et le Mercosur révèle que l’UE importe chaque année des produits de base des pays du Mercosur, dont l’empreinte sur la déforestation est de 120 000 hectares. Il a en outre été prouvé que les flux commerciaux de l’UE sont associés à des actes de violence contre les communautés locales. L’accord commercial accordera des contingents tarifaires préférentiels à des produits (tels que la viande, le sucre, le riz et l’éthanol), et réduira les droits à l’exportation sur le soja et le biodiesel à base de soja. L’accord cantonnera ainsi les pays du Mercosur dans un rôle de fournisseurs de matières premières et de produits de base pour l’UE, tout en favorisant la déforestation, les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que les conflits fonciers et les violations des droits de l’homme en Amérique du Sud.
"Le nouveau règlement européen contre la déforestation a le potentiel de changer la donne dans la lutte contre la déforestation. Mais sans éliminer les causes profondes de la déforestation, telles que l’élevage industriel ou la production de biocarburants dans l’UE, la destruction d’écosystèmes vitaux tels que le Cerrado, le Chaco et le Pantanal s’aggravera", souligne Anne-Sofie Sadolin Henningsen, de Forests of the World.