Le rapport (voir le résumé en français) examine les effets potentiels d’une telle interdiction sur l’emploi au sein de l’UE, ainsi que sur la santé humaine et l’environnement dans les pays importateurs. Le rapport conclut que si l’interdiction de ces exportations n’aurait que des effets très négligeables sur l’emploi et l’économie de l’UE, elle aurait des conséquences très positives sur la santé humaine et l’environnement dans les pays importateurs.
Alors que certains pesticides sont interdits dans l’UE en raison de leur dangerosité pour la santé humaine et/ou l’environnement, les entreprises européennes sont autorisées à les fabriquer pour les exporter vers des pays extra-européens. Ce double standard de l’UE menace la santé des populations et les écosystèmes des pays importateurs, principalement les pays à revenus faibles et intermédiaires. Dans le même temps, l’UE importe des denrées alimentaires produites en recourant à ces substances, ce qui expose les consommateurs européens aux résidus présents dans ces aliments importés et place, par ailleurs, les agriculteurs de l’UE dans une situation de concurrence déloyale.
En 2020, la Commission européenne s’était engagée à mettre fin à cette pratique et à prendre des mesures pour s’assurer que les "produits chimiques dangereux interdits dans l’UE" ne soient plus produits pour l’exportation. Les sociétés agrochimiques basées dans l’UE ont vivement réagi, arguant que les mesures proposées entraîneraient d’importantes pertes d’emplois, nuiraient à la compétitivité du secteur ou encore que l’interdiction n’aurait aucun effet positif sur les pays importateurs. Ce rapport révèle qu’aucune de ces affirmations n’est fondée. :
- Un coût économique dérisoire pour l’UE : le nombre total d’emplois potentiellement menacés dans les sept principaux pays exportateurs européens par une interdiction d’exportation de l’UE ne serait que de 173 emplois en 2022. Ces chiffres ont été affinés en examinant les conséquences sur l’emploi de la législation française sur l’interdiction, partielle, d’exporter des pesticides agricoles en 2022. En extrapolant à partir de ce précédent, les auteurs du rapport concluent que la perte potentielle totale d’emplois représenterait 25 emplois en 2022 pour l’ensemble de l’UE. En effet, de nombreux emplois concernés peuvent être affectés à d’autres postes au sein des entreprises, ce qui pourrait in fine conduire à des pertes nulles.
- Un impact positif considérable pour les pays tiers. L’UE reste à ce jour le premier exportateur mondial de pesticides. Par conséquent, des règles plus strictes en matière d’exportation de pesticides auront des effets positifs sur la pollution chimique au niveau mondial. L’arrêt des exportations de pesticides interdits par l’UE réduirait l’exposition et tous les risques afférents pour la santé des travailleurs agricoles, des populations locales et de l’environnement.
Sur la base de ces conclusions, la coalition d’organisations de la société civile exhorte les responsables politiques de l’UE à agir sans plus attendre.