Le plan actuel s’appuie fortement sur les intermédiaires financiers privés et envisage d’imposer d’importantes limites à l’utilisation des euros numériques, ce qui nuirait à sa capacité d’être un bien public universellement accessible et risque de compromettre son adoption réelle.
En tenant compte des exigences du lobby des banques et en intégrant leurs intérêts dans le processus d’élaboration de cette nouvelle forme de monnaie, la Banque centrale européenne risque de fortement limiter le potentiel de ce qui pourrait être une alternative aux dépôts bancaires privés.
L’euro numérique doit être développé dans le but de bénéficier à tous plutôt aux intérêts privés. A court-terme, il faut intégrer à la réflexion les critères suivants :
- 1) Être universellement accessible. Les citoyens devraient pouvoir accéder aux euros numériques par le biais d’un éventail diversifié d’intermédiaires, y compris des entités publiques et sans but lucratif.
- 2) Être gratuit pour les utilisateurs. Tout futur cadre législatif sur l’euro numérique devrait inclure une liste de services de base qui devraient être fournis gratuitement aux utilisateurs, tels que l’ouverture et la gestion d’un compte et la fourniture d’un instrument de paiement (par exemple une carte).
- 3) Offrir un niveau élevé de confidentialité et de protection des données. L’argent liquide, qui est totalement anonyme, devrait servir de référence pour le développement de l’euro numérique.
- 4) Clairement associer l’euro numérique à l’image de la Banque centrale européenne, ce qui aidera à différencier les euros numériques publics des dépôts bancaires privés.
- 5) Renforcer la résilience du système de paiement. En offrant une option hors ligne basée sur la valeur et en veillant à ce que l’infrastructure juridique et technique de base de l’euro numérique soit publique et fonctionne indépendamment de tout système privé, nous pouvons offrir une alternative aux systèmes de paiement existants et accroître la résilience en cas de panne.
L’euro numérique est également l’occasion d’améliorer la stabilité financière, de transformer le secteur bancaire et de renforcer la politique monétaire. La conception de l’euro numérique devrait être suffisamment souple pour permettre la réalisation de ces objectifs à long terme.
La BCE continue d’examiner les commentaires qu’elle a reçus sur son plan et s’engage à faire de l’euro numérique un succès. Toutefois, il reste à voir si l’institution sera en mesure de répondre aux préoccupations des citoyens et de la société civile en faisant de l’euro numérique un véritable bien public.
Il est essentiel de saisir l’opportunité que représente l’euro numérique pour établir un système monétaire plus sûr et plus inclusif. Ce n’est qu’en le concevant en fonction des intérêts des citoyens que nous pourrons garantir son succès et exploiter tout son potentiel !